1762 - L'été de l'année dernière, Édimbourg, Écosse. Les vagues frappaient contre la rive en un bruit constant et répétitif, comme une douce berceuse chantée par la mer du nord, une caresse légère sur votre front, un tendre baiser rassurant de la nature. Tout indiquait un matin normal sur les quais du port de Leith, si ce n’étaient les corps inertes qui flottaient comme des billots de bois mou abandonnés. Six corps. [...] Lire plus.
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J'ai glissé, chef. (ùisdean & ælpein) [FLASHBACK]

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Flashback J'ai glissé, chef. (ùisdean & ælpein) [FLASHBACK]

Message par Ælpein Hamilton Jeu 14 Sep - 15:37



► 31 juillet 1761, edinburgh's castle | o wee blood
J'ai glissé, chef.
ùisdean &  ælpein
Les talons claquaient sur les pierres inégales, souches encore parfois chancelantes de ne plus épouser les remous des vagues tandis que le Gouverneur frappait le pavé à toute allure, sommé par l'heure et les minutes de se hâter et d'enjoindre les tréfonds de la forteresse. Voilà deux heures qu'il avait passé à relire les demandes de ses supérieurs, amirauté souhaitant voir être sous ses verrous quelques forbans ayant voulu occire leur état-major. De toute évidence, il apparaissait au Capitaine que les mutineries étaient de mode en cette année 1761. Et que la brûlure d'une corde sur une gargue en asphyxie longue et cuisante ne semblait plus en terrasser beaucoup. Peut-être devraient-ils songer dès lors à déterrer quelques exécutions oubliées, dévorées par le temps et par cet appel à la modernité et humanité qu'exigeaient ces nouveaux courants de l'esprit, penseurs qui passionnaient Ælpein tant qu'on ne livrait pas bataille inutile sur l'éthique et la morale de l'armée. Mais le Gouverneur — car il y songeait chaque jour depuis son arrivée entre ces remparts, lorsque l'ennui eut raison de lui après quelques heures d'errance dans la bâtisse pour mieux la comprendre, loin d'être aussi magnifique que la charpente ramée d'un bateau — n'avait de préoccupation actuelle que celle de l'obéissance aux lois martiales et divines, la dévotion du soldat fier de son poste et la rigueur des tâches éreintantes qui forment les têtes. Gradé de rang. Héritier d'un titre exigeant passion du commandement des hommes. C'est pour cela aussi que claquait avidement les pans de son manteau derrière lui, fuyant la menace des aiguilles de sa montre à gousset et s'apprêtant à hurler l'ordre de barricader le périmètre s'il le fallait, désireux de trouver l'homme qui était responsable de sa hâte et songes stratégiques depuis des jours avant que ne lui passe l'occasion sous le nez, trop impatient d'attendre le lendemain, trop décidé pour ne pas aller jusqu'à frapper les carreaux de la chambrée du concerné si nécessaire, pleine nuitée ou non.
Ùisdean MacKenzie était au château une voûte maîtresse comme l'est une roue à sa diligence. Il en avait besoin. Du moins, depuis qu'on lui avait soufflé que c'était le cas il s'était travaillé à l'observer, à dresser le portrait du galbe de sa fougue, de sa rigueur. Un futur second lieutenant se devant d'être choisi avec soin. Et le Capitaine en avait choisi plusieurs par le passé, sur son beau navire. Mais il les avait tous enserrés de ses bras tremblants à leurs morts sur un ponton, jeunes comme vieux, terrifiés comme apaisés. Aux vêprées nostalgiques et ennuyées, il aimait se blesser dans la certitude que ce n'était là que le dernier cadeau empoisonné de son Commodore. Jaloux. Oh, il aurait aimé que son maudit ami ait été jaloux. Mais il était surtout parti. Il l'avait délaissé, il s'était moqué de lui, et l'avait condamné à errer dans les couloirs de ce castel obligé, sans promesse de délivrance à coup de canon et de lettre de marque. De nouvelles tribulation devant eux, à voguer sur les tumultes de l'eau houleuse rien que pour les saluer. Les bercer dans ce connu. À la place, Ælpein descendait les escaliers un à un, faisait pencher son tricorne en guise de salutations aux quelques militaires croisés, échangeant même une sympathie avec un de ses sergents qui lui informait le bon déroulement de la ration du soir donnée aux prisonniers méritants, lui faisant soudainement accélérer le pas, Gouverneur pressé et s'aventurant enfin dans ce dédale de couloirs souterrains, le nez à peine agressé par l'odeur des cachots dans son dos. Et puis, après quelques bifurcations expérimentales, comme s'il laissait cette chance qu'il n'avait pas le guide, il le vit.

Elle était reconnaissable de loin, cette broussaille en feu. Cette stature digne de celle d'un chef de rang. Et l'absence d'autre militaire de quart dans le secteur indiqua au Capitaine qu'il avait trouvé celui qu'il cherchait, celui qui était supposé de finir son service dans quelques minutes et qui serait, pauvre de lui, coincé à prendre le thé avec son supérieur. À rêver de son foyer peut-être, de quelque repos mérité, mais coincé par l'ennui de son Gouverneur. Ce dernier lui parlerait longuement de ce qu'il avait vu, pas juste en ces pierres mais au-delà des haubans, prévoyant quelque partage du premier souper avec le MacKenzie pour mieux lui tenir la jambe. Il venait en plus de recevoir tout récemment une malle entière de cette divine effluve née en Inde — cadeau d'un ami à la Compagnie Commerciale — un thé à se damner et il se mourrait d'envie de lui en faire la dégustation. De se repaître de ce nouveau trésor dans l'espace clos et paisible de son bureau, quelques cris de meurtriers en écho dans les tréfonds de ce paysage pour appuyer l'importance de leur présence. De leur rôle et du tout nouveau dont se vêtirait peut-être le gardien au lendemain.  « Soldat MacKenzie, je vous cherch- » La gargue manqua de s'étouffer, tout étant trop puissant. L'odeur d'abord. Capitaine et longue carrière en mer, à cohabiter avec les flaques carmins qui s'imprégnaient dans le bois sinistré d'un navire défaussé de ses hommes, il lui était habituel de humer ce fer gluant par quantité nauséabonde. La valse des gouttes qui s'écrasent contre un corps chaud, le bruit du sang s'échappant par une plaie éreintée, incapable de guérir. Ce rouge si tentateur recouvrant les mains de ses soldats paniqués. Ælpein en était accoutumé, et s'il savait qu'une exposition moins régulière à cette robe sanglante au sein du château lui demanderait de lutter contre ce tiraillement qui naîtrait dans sa panse, il ignorait en revanche la venue prématurée de sa faiblesse.
MacKenzie était recouvert du carmin sanguinolent, son faciès barré par cette peinture de guerre de douleur et tout suintait dans cette scène comme l'appel du festin. Se repaître d'une goutte chaude. Une seule. Ce serait si enivrant, si apaisant pour la langue sèche et assoiffée. Juste sentir contre son palais la liqueur pâteuse, celle qui écrasait ses propres veines d'ivresse du fer. Mais Ælpein se retint au prix d'un grand effort et quelques litanies à lui-même, levant les yeux au ciel et affadant un froncement de sourcil au divin, ce soudain choc passant dès lors pour de la déception, pour un soupir contenu de colère. Avant de reprendre contenance, décochant un regard inquisiteur vers Ùisdean, l'air intrigué, figé, les bras croisés dans le dose et lippes pincées. « Avez-vous une explication ? » Surprise. Râble tendu. Soif aussi. Alors qu'il trépignait en lui mille contradictions.
Que pouvait bien faire un de ses gardes imbibé de la sorte de tant de sang ? Camouflé par la noirceur de ces murs enterrés sous terre. Aile qui n'était destinée à rien d'autre que le stock des uniformes et quelques chambrée pour le repos des soldats vivants sur place. Pareil cascade et bain d'horreur — bien que peinture et chef d’œuvre aux yeux du Capitaine — n'avait pas lieu d'être. Et s'il se peignait l'amusante rêverie que ces deux hommes partagent les mêmes gênes monstrueux, Ælpein garda dans sa vivacité l'alerte de la mémoire, voyant défiler sous ses yeux les souvenirs de ces titres de journaux clamant qu'un tueur rôdait dans Edimbourgh, meurtrier et... à la touche trop sanguinaire pour être piteuse trivialité.
Et cette effluve. Ces saillies rousses grimées par le barbouillage rouge. Ælpein grimaça derrière le sourire patient qu'il décocha dans le silence du lieux, une torche léchant en secret les ombres de son envie de grogner réédition pour exiger d'avoir, lui aussi, le droit de connaître cette texture sur son derme.
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Métier : Capitaine de la Royal Navy à quai, il a été fait Gouverneur du Château d'Edimbourgh à son regret semi-sincère.
Pouvoirs : Apnée longue durée, chant hypnotique et fétiche.
Inconvénients : Fort besoin affectif, provoque des désastres nautiques, appel de la mer, goût du sang et syndactylie.
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Flashback Re: J'ai glissé, chef. (ùisdean & ælpein) [FLASHBACK]

Message par Ùisdean MacKenzie Jeu 14 Sep - 17:15


J'ai glissé, chef
Ælpein ξ Ùisdean

Longue journée que celle-ci. Deux prisonniers avaient créé un esclandre. J’aurais personnellement opté pour les laisser s’étriper mais certains soldats ayant décidés d’intervenir, je n’avais eu d’autre choix que de m’imposer dans le conflit, cherchant à séparer les deux hommes. Un nez brisé, voilà le résultat du conflit. Un prisonnier au nez brisé, répandant son sang sur lui et sur le sol. J’en avais frémis. L’odeur avait comme explosé dans mes narines, souffle obsédant, entêtant. Comme une voix qui me murmure au creux de l’oreille. J’avais été obligé de fuir, les mains tremblant légèrement le long de mon corps, la bouche pincé, retenant mon souffle pour ne pas céder à la pulsion, pour ne pas craquer face à ce besoin qui me brule les tripes. Je n’avais pas cédé. Seulement… Cette odeur… Même en fuyant à l’autre bout du castel, cherchant une chose où l’autre pour m’occuper, pour essayer de ne pas y penser, je la sens. Quel fardeau, quelle horreur que de travailler ici, dans un lieu où le sang est si souvent versé. Chaque goute, même diluée se répands dans l’air, cajolant mon odorat comme une putain étreindrait un client régulier. Douce maitresse dont je ne veux pas, douces rondeurs ferreuses dont je n’arrive à me passer, que je ne peux ignorer. Certains soldats me cherchent, j’entends mon nom se soulever au fil des couloirs. Je fuis. Je ne peux faire face aujourd’hui. Mes mains tremblent, ma gorge s’assèche. Toute la journée… Ce manège a duré toute la journée. L’odeur du sang est maintenant sèche mais toujours présent. Il n’est plus chaud, il n’est plus liquide, il n’est plus bon à lécher, il n’est pas bon a s’étaler sur la peau. Ce que j’aimerais m’en couvrir le visage. Pour cela, la guerre me manque. S’y couvrir de sang passait pour un moyen d’intimidation, pas pour une folie quelconque, pas pour de l’instabilité mentale. Et pourtant, c’est présent. Obsédant. Fragrance enivrante, je ne parviens pas à penser à autre chose, comme hypnotisé par les quelques gouttes versé çà et là dans les couloirs du castel. Il ne devait plus rester tant de temps que cela à supporter les couloirs odorants quand tout bascula. Grosse quantité de sang. Pas loin de ma position. La gorge sèche, c’était une vraie plainte suppliante qui s’était écoulée hors de mes lèvres. Donnez-le moi. Je le veux. Pour moi. Rien que pour moi. J’hume l’air à plein poumon, m’emplissant de cet arôme. Les effluves d’hémoglobine me guident, pas à pas. Des pas de course au loin. J’ai tout juste le temps de voir le bout d’un uniforme claquer dans l’air au détour d’un couloir. Mais cela n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est la petite trainée de sang. Piste délicieuse qui jonche le sol. Quelle idée d’en gaspiller ainsi. Lentement, je me sens défaillir. Mon contrôle s’effrite et quand j’arrive devant la cellule ouverte, c’est à peine si j’entends les râles d’agonie du prisonnier qui vient visiblement de payer les frais d’un règlement de compte. Il n’est pas rare que certains gardes se fassent payer pour mettre fin à la vie d’un prisonnier qui pourrait s’en sortir un peu trop bien aux yeux de ses victimes. Mais là n’est pas là question, là n’est pas le problème.

Ce sang.

Tout ce sang.

Ce rouge qui s’étale sur la gorge de l’homme.

Cette douce mélopée que sont les gargouillements d’agonie.

Il se noie dans son sang. Douce mort, belle mort.

Et le sang coule, coule le long du derme.

Il est à moi.

Il est mien.

Je le veux.

Je le désire.

Je le prends.

Tel un papillon de nuit volant droit dans les flammes, je rentre dans la cellule, me laissant tomber à genoux aux côtés de l’homme. Pupilles dilatés, explosées par le désir et l’envie. Mon corps bouge de lui-même, mes doigts allant barrer ses lèvres, étouffant ainsi ses cris alors que je plonge ma main libre dans sa blessure, allant forcer le sang à sortir des chairs. Un son de fond de gorge m’échappe alors que c’est avec la plus pure délectation que je sens le liquide chaud me couler sous les ongles, imprégnant la totalité de mes doigts. Le criminel se débat. Cela n’a pas d’importance. Je plonge mon visage directement à la source. Rien n’a d’importance si ce n’est ce sang, ce liquide chaud, cet appétit enfin assouvit. Il ne faut pas attendre plus longtemps pour que ma langue se joigne au ballet. Envolée toute prudence alors que je lèche presque frénétiquement le cou du condamné. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, sentant mon estomac s’alourdir des glaires ferreux ingurgités mais lorsque je me redresse enfin, ce n’est que parce que le cœur du criminel ne pompe plus, que je ne parviens plus à tirer du corps ce que j’en veux. Le souffle court, il me faut quelques instants pour revenir à moi. Le sang sèche déjà. Mes mains passent dans mes cheveux, agrippant les mèches collantes d’hémoglobine. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je suis couvert de sang. Mon uniforme l’est aussi. Un prisonnier est mort. Je n’ai même pas poursuivit le garde corrompu. La procédure… Quelle est la procédure ? Je prends une grande inspiration ne m’aidant pas du tout, le bouquet du sang saturant l’air de la cellule. J’attrape le corps, essayant de le placer plus ou moins stratégiquement dans ma poigne que pour expliquer le sang sur mon uniforme. Ça ne marche pas bien. Mais ça devrait être suffisant. Ainsi, je porte donc le corps jusqu’au premier soldat que je croise. Je m’empresse de lui refiler la patate chaude. « Je l’ai trouvé en train de se vider de son sang dans sa cellule. Il m’a collé sa merde partout. Vous pouvez me rendre le service de vous débarrasser du corps le temps que j’aille me passer le visage sous l’eau ? » Par chance, ma trogne couverte de sang, les aggloméra collant à ma barbe, mes cheveux tassés par tas sanguinolent… Le tableau que je donne les force à accepter, mes laissant descendre au sous-sol, là où je pourrais me passer un peu d’eau sur le visage pour me décrasser. De toute manière, mon service se fini bientôt…

Il a bien sûr fallut que je craque. Alors que mes pas avalent les couloirs, je ne peux m’empêcher de m’houspiller. Je suis le dernier des crétins. Sómhairl l’avait remarqué, lui. Pas plus tard qu’hier soir, après nous être abandonné aux bras l’un de l’autre, il m’avait fait la réflexion. Tendu, reniflant parfois l’air comme un chien fou… J’aurais peut-être dû prendre les dispositions qui s’imposaient directement chez moi au lieu d’espérer que rien de tout cela ne se passe une fois au travail. Idiot. Crétin. Tas de fumier sans cervelle. J’avale les escaliers, l’air sombre. Par chance, je ne croise personne. Je file dans l’une des petites salles servant de lieu à vivre pour ceux n’ayant pas d’endroit où loger en ville, là où j’aurais sans doute fini si je n’avais pas croisé la route d’un certain avocat. Du regard, je cherche une éventuelle bassine d’eau qui aurait pu être oublié après un nettoyage sommaire ou interrompu d’un soldat. Je ne trouve rien à mon gout. Pestant mon malheur, je sors de la salle, décidant de tenter ma chance dans d’autres pièces du sous-sol. « Soldat MacKenzie, je vous cherch- » La voix claque dans l’air avant de mourir d’elle-même. Je me fige, sentant mon sang battre directement dans mes tempes. Quoi encore ? Un homme ne peut-il donc pas chercher à se décrasser dans ce castel ? La mâchoire tendue, les épaules rigides, je me retourne pour faire face à la source de cette exclamation. Une voix que je n’ai pas reconnue tout de suite. Et pour cause, je sens toute couleur quitter mon visage quand je reconnais le fils du précédent Gouverneur. Le Capitaine. Je ne suis qu’un simple soldat et je suis donc bien loin de tous ces jeux politiques mais l’homme nous avait été introduit. La nouvelle forme d’autorité dans le coin. Ce qui n’est pas vraiment pour me plaire. Je n’aime pas trop prendre des ordres. Mais savoir que, de tous, c’est lui qui me tombe dessus alors que je suis littéralement couvert de sang… Ça ne sent pas bon. Vais-je même être capable de rejoindre Sómhairl ce soir ? Déjà, je me vois juger pour meurtre, admit coupable suite au témoignage d’un illustre personnage comme le Capitaine Dàilghileach, finissant par pendre mollement au bout d’une corde. Une boule se forme dans ma gorge. Je n’ai que trop conscience de ce que je risque, de là où mes pulsions peuvent m’avoir amené. Le regard rude et froid de l’homme tombe sur moi et j’ai la sensation très désagréable d’être à nouveau un jeune homme ayant été surpris en train de faire une quelconque bêtise le dépassant de loin. Je n’esquisse pas le moindre mouvement, ne bouge pas le moindre muscle, comme tétanisé à l’idée de ce qui va suivre. « Avez-vous une explication ? » La voix s’élevant à nouveau me ramène à moi. Mon corps se remet en mouvement, se tirant alors que je me mets en position, accueillant enfin l’homme comme son rang le demande.

J’inspire profondément, cherchant le calme. Mais le sang séchant sur mon visage, dans ma barbe, ma moustache et mes cheveux n’est pas pour m’aider, me faisant très maladroitement passer la langue sur mes lèvres. Reprends-toi Ùisdean ! La soif est passée, tu t’es repais plus qu’il ne le faut. Cela ne devrait plus t’atteindre. Pas maintenant en tout cas. « Je… Oui, bien sûr Capitaine Dàilghileach. » Je n’ai jamais été bon avec les mots et c’est un véritable nœud d’angoisse qui se noue dans mes tripes alors que j’essaye de trouver en quels termes expliquer la situation. Pourquoi les choses ne peuvent-elles pas être simples ? Pourquoi nos héritages doivent-ils à ce point se faire honte ? Pourquoi dois-je cacher qui je suis ? Pourquoi mes travers ne pourraient-ils pas être excuse suffisante à la situation actuelle ? Pourriture de monde. « Je faisais ma ronde quand j’ai sentis… entendu… J’ai entendu un cri. Un prisonnier se vidait de son sang dans sa cellule. C’était trop tard pour le gueux. » Au fur et à mesure du récit, je gagne en assurance, bien malgré moi. Cet homme m’intimide. Je n’ai jamais été très à mon aise avec les représentants de l’ordre… Surtout depuis la fin de la guerre… « Il saignait comme un porc. Mon service arrivant à terme et ne voulant pas perdre de temps, je l’ai chargé en l’état sur mon épaule. Je l’ai confié à deux autres soldats quand il a eu fini de saigner. Je suis ensuite directement descendu ici pour me passer un peu d’eau sur le visage et pour passer ma tenue de civil dans l’optique de rentrer chez moi pour un décrassage plus en profondeur. » Droit et raide comme un i, je ne peux qu’espérer que la vérité teintée d’omission soit suffisante pour le Gouverneur. La gorge sèche, l’œil un peu paniqué, ma stature n’en reste pas moins ferme et solide. « Vous me cherchiez, Capitaine ? » Je tente le tout pour le tout, dirigeant la conversation ailleurs, espérant que l’homme ai vu suffisamment d’horreur dans sa vie que pour ne pas se formaliser de celle-ci, espérant qu’il n’insiste pas davantage, qu’il me laisse aller me laver, qu’il me laisse m’éloigner de cette piste sanguinaire qui embaume l’air du castel en ce jour.
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Flashback Re: J'ai glissé, chef. (ùisdean & ælpein) [FLASHBACK]

Message par Ælpein Hamilton Jeu 14 Sep - 23:46



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« Je… Oui, bien sûr Capitaine Dàilghileach. » Grimace contenue et poings crispés à l'entente de ce nom. Il était déjà coutumier à ce blase, la sonorité connue et se faisait partenaire de crime dans sa passion des déguisements, des fausses identités et des comédies. Mais cette pantalonnade-ci l'empêchait de respirer, assurément. Il se voulait Hamilton à ses heures de liberté, à ces instants où rien d'autre nétait présent que lui et sa grogne. Deux mois et il se mourrait déjà de ne pas pouvoir retrouver les jardins de sa demeure, le beau salon familial dans les hauts-quartiers avec sa tendre sœur l'attendant pour le thé. La fierté de la famille tintant dans leurs assiettes comme les couverts qu'il ferait aller en échangeant avec la fille du Commodore, jeune enfant d'une dizaine d'années, vaillante mais convaincue orpheline, leur passion commune de la géographie faisant vrombir les verres de leurs rires complices. Au lieu de cela, il falisfiait le faciès d'un autre gradé. D'un Lord qui fut son ami, qui fut grand et dont le corps était présentement en train de pourrir sur un rivage ou se faire dévorer par les poissons. Du moins s'il en restait quelque chose, boulet de canon comme dernier à coup de sculpture.
Il avait été là. Il l'avait vu. Dàilghileach. Se faire emporter, déchiqueter. Juste un souffle court, le tricorne fondant dans la direction opposé du corps entrainé, quelques chairs encore accrochées aux fibres de ce couvre-chef qui allait si bien aux airs si fiers auxquels il tentait désormais bien mal s'en inspirer et copier. Au final, Dàilghileach  n'avait pas souffert. Et désormais, son ami usurpait ses titres par ordre de l'amirauté. Quelle tristesse, pour tous deux. Ælpein préférait affronter les choses sous le nom de son père, peut-être en aurait-il récolté un autre respect de la part de ces hommes, pourtant déjà bien au garde à vous et conscient de ses exploits maritimes — autre médaille imputée tandis que ses vrais trophées, ignorés — Il avait même rencontré un canonnier qui avait servi sur le HMS Ramilies, bateau ayant appartenu à feu son père. Le jeune homme avait scandé des louanges infinies pour George Hamilton, glissant même qu'il avait ouïe dire que le fils, s'il n'était pas l'égal de son paternel, sortirait sans aucun doute de son ombre un jour, à son tour, les victoires et récit de sa survie en naufrages battant l'excitation du soldat qui semblait regretter tout autant cette vie sur les flots. Et ces longues louanges, adressées contre le vide, contre le silence à contenir, avait abîmé le Capitaine qui ne pouvait enlacer la main de son soldat pour le remercier. Ici, les choses n'étaient pas semblables à la mer. Les citadins se moquaient bien de ces choses-là. Ils ne pouvaient pas comprendre. Et Ælpein ne leur en voulait pas. Il en était juste désolé.

« Je faisais ma ronde quand j’ai sentis… entendu… » Confus le gardien ? Le Gouverneur était-il impressionant de par son grade ? « J’ai entendu un cri. Un prisonnier se vidait de son sang dans sa cellule. C’était trop tard pour le gueux. Il saignait comme un porc. Mon service arrivant à terme et ne voulant pas perdre de temps, je l’ai chargé en l’état sur mon épaule. Je l’ai confié à deux autres soldats quand il a eu fini de saigner. Je suis ensuite directement descendu ici pour me passer un peu d’eau sur le visage et pour passer ma tenue de civil dans l’optique de rentrer chez moi pour un décrassage plus en profondeur. » Et récit déblatéré, tout du long le Capitaine ne s'était empêché de garder pour lui un fin sourire de compassion, mais amusé, se peignant davantage d'images dans son esprit que ces mésaventures contées. Les bulles carmin. Les fins fleuves rougeâtres coulant sous la ligne d'une mâchoire, tremblante. Tressautant dans le dernier grand froid. Cherchant à rejoindre ce palpitant effrayé, pompant sa mort à toute vitesse, gargouillis sanguinolents se mêlant aux dernières paroles étouffées ou soupirs suppliants. Oui, il les imaginait sans difficulté et sa compassion n'alla nullement pour le cadavre refroidissant quelques couloirs plus loin, mais pour la vision affamée. Du moins, pour lui, elle l'était. Et la curiosité léchait les parois de son crâne en même temps qu'il laissait aller son regard glisser sur le tableau devant lui. Il y voyait davantage. Il voulait croire en davantage.
Le gardien lui rappela alors qu'il était dans un premier temps venu à sa recherche et Ælpein sortie de sa léthargie pensive, sa langue sèche et son nez pincé pour violence maîtrisée. « Oui. Suivez-moi, vous aurez tout le loisir de m'expliquer ça dans mon bureau et le museau clair. » dit-il en chantonnant presque la fin de sa phrase, acrobate et balancier sur la frontière de ces mélodies hypnotiques, ouvrant le chemin d'un pas qui voulu attendre que le soldat soit à sa hauteur pour lui décocher un sourire plein de malice amusée. Il était curieux.

♦ ♦ ♦

« J'ai dit que je m'en occupais, allez plutôt vous préoccuper du repas de ce soir et préparez-vous à ajouter un couvert. » Le Capitaine claqua la porte pour sceller l’entrebâillement que tentait de combler avec ses doigts la servante qui rouspétait encore quelque secondes, se sentant très concernée par l'état de l'invité du Gouverneur, la brave encore incapable de se faire à l'idée qu'elle servait désormais son maître au sein d'une prison et non plus dans la luxurieuse et innocente demeure Hamilton. « Veuillez excuser Rosa, dit le Capitaine en s'avançant d'un pas assuré à travers la pièce, se dirigeant vers l'âtre flamboyant pour y tirer une crémaillère à laquelle il accrocha une bassine, c'est une femme pleine de bonne volonté la gentillesse au creux des paumes, mais elle doit encore apprendre à tenir sa place. » Ses paluches dérobèrent le couvercle d'un tonneau coincé entre un meuble finement ouvragé et une pile d'essuies d'un blanc transcendant, faisant couler quelques bols récoltés jusque dans le récipient que venait désormais lècher les flammes. « Mes excuses pour votre fin de service, je vais devoir vous demander de rester encore un peu, astreint à ce bureau. Votre rapport m'intrigue, je dois l'avouer. Si nous étions sur un bateau vous auriez ordre de coucher sur papier ce qu'il s'est passé — si j'en crois les registres avec votre signature de solde, vous êtes lettré — mais j'imagine que par ici nous n'allons pas nous donner cette peine pour de malingres criminels. » Les palabres l'avaient mené jusqu'à une importante bibliothèque de laquelle il extirpa une reliure bien connue, abîmée d'être trop souvent saisie et à laquelle on apportait même plus d'importance quand aux lettrines dorées de son titre. « Bien. MacKenzie... commença Ælpein en tourna les pages du registre à toute vitesse à la recherche du patronyme du gardien, ce dernier n'ayant rien ajouté, parole encore détenue par son supérieur. Hm. Mac... MacFergurson.. MacGrant... MacKenzie ! Oh, j'espère ne pas m'être trompé, vous êtes bien Ùisdean MacKenzie n'est ce pas ? » Si réponse il y eut, le Capitaine n'y accorda pas la moindre importance, plume filant déjà sous son dextre, yeux rivés sur les quelques phrases qu'il griffonnait au côté du nom du soldat. « Il est inutile que je vous fasse remarquer que le trépas peut se montrer aussi violent dans ces geôles que sur un champ de bataille ; si j'en crois ce que l'on m'a dit et ce que je vois en face de moi, vous n'y êtes pas inconnu. souffla-t-il alors que son verbe continuait de s'étaler sur le papier. Vous devez savoir tout comme moi que peu des hommes travaillant ici ont fait la guerre. Cela se remarque au premier instant. » Le bouquin fut finalement relâché, doucement fermé et déjà ignoré par le Gouverneur du castle, prêt à confier ce qu'il venait d'inscrire uniquement s'il en savait lui-même davantage sur l'incident. Et l'homme. Ce homme qu'il regardait à présent attentivement et qui dégageait, en dessous de ses dessins carmins, quelque charisme à mener cinquante hommes contre la plus imprenable des forteresses. Mentalement, le Capitaine s'en fit mémoire. « Mais est-ce une chose courante dans les Highlands que posséder le pouvoir d'aspirer tout sang en chaque centimètre de son derme ? Un corps blessé, même percé de toute part, s'il est compressé ne va pas saigner aussi abondement que ce que vous prétendez. Le sang sur votre visage est plus épais aussi, presque noir, ce ne sont pas juste des éclaboussures ou le frottement d'une main ensanglantée et apeurée. Et quand bien même... » ajouta Ælpein avant de contourner son bureau en quelques enjambées, se plantant aux côtés des esgourdes d'Ùisdean pour approcher une main voltigeuse vers son faciès, courbant ses doigts pour imiter le dessin des sillons de peinture sans pourtant y toucher un seul instant, souffle retenu et murmure déjà enivré par la teneur ferreuse de cette oeuvre d'art. « ... vous en avez de part et d'autre du crâne. Bien trop étalé. » Il escomptait bien que la remarque ne passe pas pour une menace mais davantage comme une compréhension. Une entente d'un récit dont la véracité n'était pas entièrement partagée à l'autorité. La naïveté ne régnait pas constamment sur les pensées du Capitaine, et il avait pris soin de le souligner en faisant le constat de traînées rougeâtres bien trop sombres et épaisses que pour n'être qu'une habituelle conséquence au transport de corps.
D'un geste qui voulu détendre l'atmosphère, il lui indiqua la cheminée et la bassine au liquide désormais suffisamment tiède pour se défaire du plus gros sang séché, le bougre ayant sans aucun doute besoin d'un bain en bonne et due forme pour un décrassage des pieds à la tête mais devant se contenter dans l'instant du peu qu'on lui proposait, les questions se faisant plus urgentes que sa manie de la propreté. Et, silencieux, le sourire perçant déjà son visage, Ælpein attendit de voir. Attendit de conclure s'il était sur la bonne voie. Si l'homme percevait le cadeau qu'il lui avait fait, surprise d'une eau salée aux couleur d'un lac dans lequel il était plus agréable pour certains que pour d'autres de s'y laisser plonger. Elle lui était spéciale, celle qui commençait à bouillir au-dessus des flammes. Il adorait s'y laisser à être enveloppé par la douceur de cette robe si légère. Si attendrissante. Celle qui gorgeait ses poumons de fierté, d'un amour impossible à déclarer pour les ondines claquant la coque des villages flottants. Il se remémorait même de la teinte qu'elle prenait et les arabesques qu'esquissait les filets de sang quand ses deux amours se mélangeaient. Et, ainsi, doucement, son nez le chatouilla, se rappelle à lui que ces pulsions dont il dressait la théorie il en était tout autant sujet à en être victime...

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Flashback Re: J'ai glissé, chef. (ùisdean & ælpein) [FLASHBACK]

Message par Ceann-Uidhe Jeu 14 Sep - 23:46

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Flashback Re: J'ai glissé, chef. (ùisdean & ælpein) [FLASHBACK]

Message par Ùisdean MacKenzie Mar 26 Sep - 19:09


J'ai glissé, chef
Ælpein ξ Ùisdean

La stature droite, l’œil légèrement plissé, j’observe les lieux sans réellement comprendre. Dans le cas ci présent, je ne suis coupable de rien si ce n’est de mes pulsions. J’aurais aimé que le Capitaine me laisse en paix, me renvoie chez moi pour me décrasser le museau, qu’il me siffle d’aller faire quelque chose pour mon état plutôt que de trainasser ainsi dans les couloirs du castel tel un quelconque esprit vengeur en soif de vengeance. Et malgré mon innocence pour le cas ci-présent, il ne m’est pas difficile de m’imaginer pendant le long d’une corde pour peu que la conversation se passe mal, pour peu que le Capitaine ne me prenne en grippe. En silence, je détaille le grand bureau, ne m’inquiétant pas outre mesure de tâcher la tapisserie du sang qui n’aurait pas eu fini de sécher contre ma peau. Je croise le regard inquiet d’une servante, je ne m’en formalise pas. J’observe juste le Gouverneur fermer la porte, nous isolant pour de bon du reste de la prison. Bien. Et maintenant ? J’ai du mal à saisir ce que je fais ici, en ces murs que je ne connais pas. Je fais du bon travail, jamais un pas de travers. Pourquoi a-t-il fallut que juste aujourd’hui ma route croise celle de mon supérieur ? Pourquoi, entre tous les jours où j’arrive à me contenir, à oublier l’odeur du sang ou le besoin d’une paire de bras pour m’enserrer, pour m’apporter quelconque douceur et attentions, faut-il que ça soit aujourd’hui ? « Veuillez excuser Rosa, c'est une femme pleine de bonne volonté la gentillesse au creux des paumes, mais elle doit encore apprendre à tenir sa place. » « Aucun mal n’a été fait. Il est appréciable de rencontrer encore des gens de bonnes fois et aux bonnes intentions. » Je me mords la langue, espérant que ma verve ne soit pas interprétée telle une attaque, sous-entendu acide d’un jacobite n’ayant pu accepter la défaite, même au fil des années passées. Alors je choisis de tenter un demi-sourire visant à rassurer le Capitaine sur l’attitude de cette fameuse Rosa. Je ne me peux cependant pas me laisser aller à sourire entièrement, toujours peu rassuré quant à la raison de ma présence ici. D’ailleurs, s’il pouvait me l’expliquer sans trop tarder, cela m’éviterait de finir par danser d’un pied sur l’autre d’impatience et d’inquiétude. « Mes excuses pour votre fin de service, je vais devoir vous demander de rester encore un peu, astreint à ce bureau. Votre rapport m'intrigue, je dois l'avouer. Si nous étions sur un bateau vous auriez ordre de coucher sur papier ce qu'il s'est passé — si j'en crois les registres avec votre signature de solde, vous êtes lettré — mais j'imagine que par ici nous n'allons pas nous donner cette peine pour de malingres criminels. » Je ne me démords pas de mon demi-sourire, ma mâchoire ne s’en resserrant pas moins pour autant. Petit fouille merde. Tu ne pouvais pas juste me laisser partir avec cette irrégularité, n’est-ce pas ? Et après, on me demande pourquoi j’ai du mal avec l’autorité…

Mais l’annonce de l’absence d’un quelconque rapport à rédiger a de quoi me rassurer. Camoufler ce genre de crise n’a jamais été chose facile… Alors si en plus la bureaucratie commence à s’en mêler en me faisant coucher les faits sur papier… Je ne suis pas sorti de l’auberge, tout aussi avocat soit mon amant. « Bien. MacKenzie... Hm. Mac... MacFergurson... MacGrant... MacKenzie ! Oh, j'espère ne pas m'être trompé, vous êtes bien Ùisdean MacKenzie n'est-ce pas ? » « C’est bien moi, Captain. » Fut ma réponse immédiate. Je m’approche d’un pas lent de l’énorme bibliothèque. Encore un lettré qui ne vit que pour bouquiner… S’il est bien une chose que je ne trouve charmant que chez Sómhairl, c’est cette manie de se fourrer le nez dans ses bouquins au lieu de partir observer, apprendre et vivre le monde de soi-même. « Il est inutile que je vous fasse remarquer que le trépas peut se montrer aussi violent dans ces geôles que sur un champ de bataille ; si j'en crois ce que l'on m'a dit et ce que je vois en face de moi, vous n'y êtes pas inconnu. Vous devez savoir tout comme moi que peu des hommes travaillant ici ont fait la guerre. Cela se remarque au premier instant. » Je ne suis qu’un idiot. Un idiot finit. Bien sûr que quelqu’un comme le Gouverneur verrait clair au travers de mon semi-mensonge. Il suffit effectivement de le détailler un peu pour savoir que lui aussi a connu le champ de bataille. C’est quelque chose qui brille dans le fond de l’œil, dans la manière qu’on a de rester aux aguets, dans cette stature d’apparence relaxé que l’on peut tous tenir alors qu’en réalité, nous sommes prêt à bondir à la première alerte. S’il y a bien un truc que la guerre m’a amené, en plus de pouvoir vivre mon étrange passion pour le sang à la vue de tous, c’est cette capacité à rester attentif à ce qui se passe autour de moi, un pas presque martial et des réflexes qui me surprennent compte tenu de mon âge. Mais je n’ai pas été attentif. J’ai oublié l’histoire de l’homme, je me suis contenté de ce que je sais au quotidien ; c’est-à-dire que je vis entouré d’hommes qui sont trop jeunes que pour avoir marché sur la terre couverte du sang écossais, que pour avoir laissé le tonnerre des décharges assourdir leur tympans, que pour avoir sentir le rush d’adrénaline courir dans leur veines alors que le roulement infernal des sabots des cavaliers ennemis leur fonce droit dessus. Beaucoup n’ont pas connu l’horreur, la douleur, le sang. Le sang… Partout. Ma langue darde le bout de son nez sur mes lèvres, léchant l’air que rien le sang qui y sèche. Le goût explose dans ma bouche, me ramène à cette période bénie où fusils et claymore étaient mon quotidien.

« Mais est-ce une chose courante dans les Highlands que posséder le pouvoir d'aspirer tout sang en chaque centimètre de son derme ? Un corps blessé, même percé de toute part, s'il est compressé ne va pas saigner aussi abondement que ce que vous prétendez. Le sang sur votre visage est plus épais aussi, presque noir, ce ne sont pas juste des éclaboussures ou le frottement d'une main ensanglantée et apeurée. Et quand bien même... » Je manque de reculer d’un pas alors que l’homme s’approche. A la place, je prends une inspiration rapide et bruyante. Mon regard cherche le sien. Que veut-il exactement me faire avouer en cet instant ? « ... vous en avez de part et d'autre du crâne. Bien trop étalé. » Un éclair interrogatif passe dans mon regard. J’ai peur de mal interpréter. Les mots et les longs dialogues n’ont que rarement été mon truc. Le charisme dont j’ai hérité de par mes origines n’est pas de cet ordre. Il est plus de la prestance, de l’attitude que du verbe. Les mots m’ont toujours fait défauts, me laissant frustrés et presque en colère de ne savoir les cerner dans leur entièreté, que de savoir les manipuler aussi habilement que certains. Après tout, je reste un fils de forgeron, tout aussi héritier de clan lettré suis-je, je reste avant tout une brute. « J’ai glissé, Captain. » Fut ma réponse à l’accusation silencieuse aux drôles d’inflexions. Sans me faire prier, je suis le geste de l’homme, me rendant à la bassine d’eau chaude. Je remonte mes manches, non sans m’assurer de garder l’homme dans mon sillage. On ne sait jamais ce qui peut se tramer dans les couloirs du castel et je n’aimerais qu’à moitié que certains tentent de me jouer un quelconque mauvais tour dans le but de me voir quitter les lieux. Je doute que quelqu’un du rang du Gouverneur ne s’abaisse à ce genre de choses mais je n’ai pas confiance en cet homme qui vient de m’avouer à demi-mot qu’il a lu à travers mon jeu. Je trempe mes mains dans l’eau, commençant à en frotter le sang.

Comment réagit-il au sang qui se dissous dans l'eau ?:

Méticuleusement, je commence à me décrasser mains et avant-bras, gardant un œil sur le Capitaine. « Je ne suis pas sûr de comprendre exactement pourquoi je suis ici. Êtes-vous en train de m’accuser de quelque chose, Captain ? » Je me penche sur la bassine, inondant rapidement mon visage de l’eau que je devine salée alors qu’elle se pose sur mes lèvres. Un choix étonnant… Probablement une lubie venant de son habitude à être en mer… Je passe quelque fois l’eau sur mon visage avant d’en chasser les dernières gouttes de mes larges paumes. « Sans vouloir vous paraitre insolent, je sais ce que j’ai vu. En homme de guerre, vous ne devez pas ignorer que certaines zones sont plus propices à donner des saignements plus violents que d’autre. » Ma main court sur ma gorge, comme un indice silencieux, comme un indice sur les zones dont je veux parler. La vérité ? Le sang me coule à nouveau le long du visage, son odeur intoxique la pièce, devenant presque aigre à quiconque aurait l’odorat aussi sensible que moi à ce sujet. Ma main passe sur mon nez, tentant de faire barrage à cette délicieuse odeur que sature l’air, en devenant presque écœurante. Je maquille cela comme je le peux en cueillant une goutte de sang du bout des doigts. « J’admets cependant que la quantité de sang est impressionnante. Pourriez-vous ouvrir une fenêtre je vous prie ? Je suis plutôt sensible à l’odeur… Je pensais profiter de la fin de mon service pour prendre une bonne bouffée d’air mais puisque j’ai l’impression que mon retour chez moi vient d’être retardé d’au moins plusieurs heures… Autant ne pas limiter mon ordre de pensé à cette odeur presque oppressante. Après tout, si je dois me défendre d’un crime que je n’ai pas commis, autant que ça soit en mon âme et conscience et non pas en essayant de me contenir comme je le peux. » Je ne suis pas sûr que cette confession soit une bonne chose… Je laisse cependant la possibilité à un esprit innocent de ne pas comprendre le sous-texte et de me penser plus sensible… Tout aussi maladroit la formulation soit-elle. Mes mains plongent à nouveau dans l’eau qui s’est déjà teintée d’un doux rose. « Excusez-moi… » Je souffle l’excuse alors que j’empoigne le bord de la bassine, y plongeant ensuite la tête. Sous l’eau, j’y frotte mes cheveux poisseux, cherchant à délier l’hémoglobine. C’est plus facile et plus rapide que de le faire comme la noblesse, à coup de chiffon et de temps. Quand je sors la tête hors de l’eau, je ne suis pas le moins du monde essoufflé malgré le temps passé en apnée. Je ne m’en formalise pas, récupérant le lingue qui avait été mis à ma disposition pour le passer énergiquement sur le crâne. « Et si vous me disiez clairement ce pour quoi je suis là ? Est-ce juste mon rapport qui vous chagrine ou bien y a-t-il autre chose ? J’ai cru comprendre tout à l’heure que vous cherchiez après moi… Et vous ne m’avez toujours pas dis pour quoi. » Peut-être ne devrais-je pas plus bousculer cet homme, peut-être devrais-je me terrer dans mes petits souliers et me laisser totalement intimidé par sa position par rapport à la mienne. Intimidé, je le suis. Mais tel l’animal blessé, cela augmente ma verve et il ne me faut plus grand-chose pour me retrouver à grogner…
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