(m) Lee Pace | Neil Tuach

Neil et Ùisdean se sont rencontrés dans le sang et la violence des champs de batailles. Encore aujourd’hui, il se souvient du désespoir faisant place à l’inquiétude sur le visage de ce soldat taché de sang. Il se souvient être celui avoir ayant dû gérer l’évacuation de celui qui n’avait été qu’un corps parmi d’autres à cette époque, Donald MacKenzie, le patriarche des MacKenzie of Kintail, le père de celui qui sera destiné à être un ami fidèle. Les batailles se sont succédées rapidement après Falkirk, les deux hommes ont étés amenés à se croiser à plusieurs reprises, à se battre ensemble, Neil a soigné le MacKenzie et son frère, Fionnlagh à plusieurs reprises. Dans ce genre de circonstances où l’on se sauve mutuellement la vie à plusieurs reprises, les amitiés, même si elles sont récentes, ont tendance à rapidement se solidifier. C’est ce qu’il s’est passé entre les deux hommes… Et même peut-être un peu plus pour Neil… Ùisdean bénéficie du don de beauté et de charisme et, à plusieurs reprises, il s’est surprit à s’interroger sur ce qu’il ressentait vraiment pour l’homme. D’un naturel très pieux, le médecin a refusé en bloc ce qu’il craignait être des sentiments, préférant mettre cela sur le dos de la nature de ceasg de son ami. Après tout, il ne peut pas être attiré par un homme, n’est-ce pas ? Ils sont déjà tous deux mariés… Et Ùisdean est un homme. Avec le temps, il parvient à se convaincre que ce n’est là qu’une puissante amitié teintée de magie folklorique qui le fait ainsi regarder son cousin éloigné. Il n’a qu’un regret… Avoir cédé une fois à ses pulsions alors qu’il pensait voir son ami mourir… Ils ont été pris en embuscade alors qu’ils marchaient vers Culloden, leurs troupes devant servir de soutien militaire aux hommes déjà en faction sur place. La charge ennemis a créé la confusion et la mort dans leur ligne, ne laissant qu’un petit groupe de survivants en déroutes comprenant grands nombres de blessés. Dont Ùisdean. Une longue estafilade tranchait le flanc du MacKenzie qui allait se vider de son sang s’il ne faisait rien… Là, alors que le ceasg le suppliait presque de l’abandonner en arrière pour ne pas ralentir les survivants voulant chercher refuge au Castel Dunrobin, il l’a embrassé. Un baiser bref, chaste et violent. Juste pour lui faire comprendre qu’il était hors de question qu’il le laisse derrière. Ils n’ont jamais eu l’occasion de reparler de cela et ce n’est clairement pas Neil qui mettra le sujet sur la table, surtout pas aujourd’hui, alors qu’il est convaincu qu’il n’était s’agit là que d’un balbutiement de la jeunesse, un aveuglement temporaire. La suite de cette historie de guerre n’a pas été des plus joyeuses… Il était présent lorsque Ùisdean a retrouvé le corps de son frère dans les fosses, près du Castel Dunrobin qui avait été reprit pendant leur absence… C’est lui qui a veillé sur lui une fois rentrés au Castel Leòd, s’assurant que cette tête de mule se repose le temps de se remettre de cette blessure qui aurait facilement pu lui couter la vie. Aujourd’hui, les hommes sont encore amis, échangeant cette confiance aveugle que seuls ceux ayant bravés la mort côte à côte peuvent avoir. Neil, quant à lui, a purgé tous ses sentiments mal placés, ayant longuement fait pénitence pour se punir de ce baiser volé il y a de cela bien des années.

Alors qu’il vivait à Édimbourg depuis peu, Neil a reçu une lettre de la part de Ùisdean, son vieil ami. Il fut cependant effaré des nouvelles qu’il découvrit. Il se souvenait d’Àdhamh, le jeune frère, le benjamin de la fratrie. Il se mit en route sans tardé, rejoignant le Castel Leod, laissant son travail derrière lui sans hésiter une seconde pour venir au secours du jeune homme qui venait de perdre partiellement la vue. Ce fut lui qui le soigna, qui lui apprit à se repérer à nouveau dans l’espace et tout ce qui va avec. Il se pourrait bien que, au fil de ses discussions avec le jeune homme, il soit celui qui lui ai glissé sans le vouloir dans la tête que s’il voulait vraiment s’émanciper de sa famille, tout planter pour aller vivre à Édimbourg était la solution parfaite.