1762 - L'été de l'année dernière, Édimbourg, Écosse. Les vagues frappaient contre la rive en un bruit constant et répétitif, comme une douce berceuse chantée par la mer du nord, une caresse légère sur votre front, un tendre baiser rassurant de la nature. Tout indiquait un matin normal sur les quais du port de Leith, si ce n’étaient les corps inertes qui flottaient comme des billots de bois mou abandonnés. Six corps. [...] Lire plus.
Lundi, 15 octobre 2018

Pause indéterminée du forum

Lundi, 14 septembre 2020

Fermeture du serveur Discord

-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

Triùir a thig gun iarraidh ; gaol, eud, 'us eagal (ùisdean & sómhairl)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Cycle 3 Triùir a thig gun iarraidh ; gaol, eud, 'us eagal (ùisdean & sómhairl)

Message par Sómhairl MacLeòd of Lewis Mer 20 Juin - 2:47

u
's
“Triùir a thig gun iarraidh ; Gaol, Eud, 'us Eagal.”
11 April 1762 — 3AM, Leith's docks


Raclement heurtant la pierre, l'écorchement d'un écho grave venait se fendre sous l'affliction de poumons irrités et éprouvés de connaître ces violents soubresauts depuis bien trop de jours maintenant. Lamentations de la gargue chantonnant encore quelques instants son souffle éreinté sous les volutes déçues de sa faiblesse mal déguisée. Barbe caressant le joint de ces dédales sombres d'une ville témoin de l'agonie de sa plèbe, sans qu'elle n'en dise mot. Sans qu'elle ne cède et s'effrite sous les phalanges fébriles du poète dont l'accroche contre les murs se faisait même trop maigre pour qu'une feuille morte d'automne y voit menace à son étiolement. Et Sómhairl savait son échine trop courbée pour faire croire à une innocente pause destinée à dépoussiérer ses souliers ou même faire eau. Les ombres plus creusées de ses pommettes, retrouvant peu à peu teinte de vie, n'étaient elles non plus pas gage de promesse rassurante. Non. L'avocat avait bien du mal à dissimuler la peine de son corps qui redécouvrait tout juste la sensation d'une sortie à l'air frais et sur ses deux jambes habillées, défait de son statut d’alité. Du moins si son surveillant mordait à sa comédie...
Œillade candide coulée aux flancs de son amant et soucieux d'un rapatriement intransigeant vers la chaleureuse réclusion dont il venait avec difficulté d'enfin s'extirper quelques quarante minutes plus tôt — et avec pour seul arme la flamberge de son verbe plaintif et un papillonnement de cils éplorés — Sómhairl exécuta d'un geste de son dextre, rendu étourdi par sa flagrante naïveté, le signe que tout allait bien. Qu'il ne cracherait flasque bile sur leurs souliers cette nuit, corps apte à braver ces heures exquises et désertes de toute autre respiration que les leurs. Aussi timide soit encore celle du poète. Et pour s'habiller de la plus faussement convaincante des habilités, il réajusta son foulard blanc pour une pleine recouvrance de sa gorge frêle ; le dernier chapitre de cette nuit était frisquet et il n'aurait pas apprécié que son taquinement, le faisant trembler, fasse croire à la persistance de cette maladie ayant longtemps insisté dans son désir de le faucher. Ah, non, hors de question ! Maudite toux. Foutues houles de frissons prodiguées par une autre caresse que celle du lieutenant à ses côtés ! Mais la gargue maltraitée par ces dernières semaines — il faut dire qu'en plus des affres de la bronchite, l'écale recelait aussi les stigmates de deux refus très vocaux, courroucé de recevoir l'extrême onction et que les habitants de sa maison le croient déjà enterré — s'étouffa dans la résolution de la sagesse ; les croyances anciennes convainquaient l'Highlander de ne point provoquer la maladie en s'en faisant railleur, elle n'y trouverait sinon en ses muscles qu'un cocon encore plus confortable à détruire. Et il avait déjà eu bien à faire d'elle, il était temps que l’agaçante invitée le quitte et le laisse, enfin, se reposer. Car il n'avait plus souvenir d'une journée paisible, sans réveil aux aurores, sous les sabots du travail ou réunions mondaines depuis février, au moins.

Et que Mars ne fut pas exténuant ! De l'astre solaire, Sómhairl ne se souvenait pas en avoir vu la carnation d'aussi nombreuses fois que sont les trente-et-un jours de ce mois, homme de loi prisonnier des paluches joueuses des salles de justice, appuyé contre la sculpture d'une tour de savoir, livres et contrats imitant la silhouette de collaborateurs qu'il n'avait pas — ou qui, peureux, ne daignaient se montrer en sa compagnie ailleurs que sur le podium du triomphe. Et bien qu'il ait manqué un jour de s'assoupir en pleine plaidoirie de son rival, le dur labeur fut récompensé dans un cri de joie — et une nuit de guindaille. L'avocat cloîtré était enfin rentré dans les bonnes grâces du Lord Aniston, président de la Court of Sessions. Il l'avait charmé de son verbe, de ses poèmes au spleen qui faisait écho à une Caoi que l'homme avait en deuil. Il l'avait intéressé avec sa philosophie de legs régional, de décrets d'économie des Orcades. Et s'il n'affirmait pas la même animosité que Sómhairl sur bien des points, il lui attribuait malgré tout sa confiance et son amitié. Cette victoire promettait donc au MacLeòd of Lewis de pouvoir ainsi couler plus aisément les joutes de lois qu'il n'attendit pas bien longtemps à venir remuer avec ardeur, éprouvant même les organes cardiaques des confrères qui manquèrent le naufrage des nerfs en voyant ses propositions être reçues formellement et encouragées par d'autres — à son grand regret, seul John Appleton passa l'arme à gauche, et le médecin en charge de déclarer son décès au beau milieu du hall de la Faculty eut l'audace de dire que l'homme était mort d'une mauvaise digestion ! Dans cette course des palabres habiles, MacLeòd of Lewis était devenu un simple MacAlba, fils de l'Écosse gaélique que la monarchie et ses Lords avaient commencé à massacrer à coups de couteau dans le dos. Insatiable revanchard et se refusant à plier genoux face à la suppression de sa langue natale, abrogée dans les écoles des Highlands, ainsi que le retrait d'un système d'hérédité clanique que l'on osait brandir comme archaïque, féodal. Était-ce réellement antonyme à l'évolution ? En tout cas, cela avait été suffisant pour faire comprendre qu'ils étaient plusieurs à vouloir freiner certaines têtes cherchant à s'enrichir sur le cadavre encore frétillant des clans. Voilà comment mars en devint si exténuant qu'il fut nécessaire au poète de chercher à respirer l'air frais et lénitif de contrées moins agitées et moins peuplées pour mieux s'armer des mêlées à venir.
Parti d'Édimbourg à la veille printanière pour une visite se souhaitant d'abord innocente — il était devenu le bienheureux propriétaire d'une chèvre en récompense à une partie de cartes magnifiquement remportée, ne sachant pourtant que faire de l'animal dans cette cité bondée, craignant qu'on se moque de lui à la promener tel un canidé dans les pars voisins et recevant l'oblation d'un ami du clan Ferguson à la confier aux Lowlands qui s'engageait à ne pas en faire du haggis dès son râble tourné — l'avocat était resté un long moment dans l'Ayshire, d'abord sous les bons soins et le gracieux accueil de Lochnaw Castle, les Agnew ayant toujours entretenu une complaisance pleine de respect avec les gens de Skye, avant de tous se rendre à Blair Castle où furent retrouvés des comparses d'autres clans pour l'occasion d'un mariage de choix. Et bien que cette escapade était délicate de récits nostalgiques, de chants qu'il se fit plaisir à présenter devant une assemblée émue et un instant requinquée du souvenir du passé, il était aussi mélancolique de voir les aïeuls éprouver chagrin sur ce qu'on leur avait volé et les plus jeunes s'acoquiner des sassenachs aptes à les charmer. Sous l'approche d'avril, de la demande trop insistante du vieux Aulay MacAuley qui suppliait Sómhairl de se saisir de la justice afin de sauver son Ardencaple Castle en ruines, et d'un remarque de Munro trop lourde à son cœur, l'Highlander était revenu au galop, l'âme en supplice de l'absence de son MacKenzie qui n'était pas auprès de lui à enfreindre la loi en stoemelings et porter son tartan au milieu de ces autres pattern d'étoffes ancestrales, de fierté des origines refusant d'être muselées. Son Ùisdean, resté dans une demeure qui ne lui manquait que trop et impatient de venir s'excuser de ces trop longues vacances contre les lippes de son soupirant. Lui offrir de l'aimer encore davantage que les précédents jours, semaines et mois qu'ils venaient de passer ensemble au risque de se retrouver pendus. Et lorsqu'il frappa à sa propre porte, ruisselant sous la drache, il sentait encore le rythme des mots de Munro résonner dans ses esgourdes attristées...

Réapparition sur le perron de sa chaumière, présentant fièrement à son amant un black bun traditionnel, vaillant fumet de leurs terres, nemesis des panses se désirant plus maigres, un chef-d'oeuvre du patrimoine de cet héritage partagé, il honora la somptueuse sucrerie en éternuant allègrement sur son sommet, crins ternes, barbe humide et la goutte au nez. Confusion prétendue être nargue de la fatigue, trajet si long et éprouvant qu'il en avait oublié quand il l'avait débuté, c'est avec les gambettes chevrotantes qu'il s'était engouffré dans son logis en se souciant peu des éventuels regards inquiets et questions fusant sur son râble sourd et trempé. Jamais Sómhairl ne voulut reconnaître ce qui était pourtant tressaillante évidence et il s'en était même borné à la nier, maquillant de poudre claire son nez rougi par le froid dans une vaine tentative de s'échapper chez son Fir Darrig préféré pour lui offrir rendez-vous le lendemain à la lueur de chandeliers d'un Lord à tromper. Malheureux idiot, la confusion des neurones s'oubliant jusqu'à l'exécution d'une marche normale d'homme en bonne santé, l'avocat était rentré à heure tardive, désorienté par une fièvre timide — danger grandement suffisant pour indiquer à un poïkilotherme que la mort va venir visiter son hôte — et s'était écroulé dans ces draps qu'il n'avait plus ensuite quitté pendant presque deux quinzaines, agonie manquant de signer la fin de l'héritier MacLeòd of Lewis et ses textes de lois, inachevés. Et comment il put contracter ces maux restait un mystère absolu à en croire l'Highlander qui claquait des dents sous l'égide de ses couvertures. Car il n'aurait bien sur jamais songer à confier au médecin qu'il avait passé la semaine précédente à voyager sous grands vents et draches si féroces qu'ils pouvaient certainement creuser des sillons et rivières dans les os des malheureux restés au-dehors. Ni même qu'il s'était arrêté à Glasgow pour s'en aller chanter à petite heure et gorge ivre sans repos du long trajet. Quelle différence cela aurait-il fait ? Le grand brun était juste borné. Si buté qu'il rabrouait tout breuvage un rien trop écœurant, réluctance agitée face aux venues du religieux souhaitant lui donner l'extrême onctions à chaque fois qu'il semblait s'endormir sans possibilité de réveil. Et si ébranlé par cette fin le guettant qu'il s'en était probablement épanché de tristesse plus de dix fois dans la manche de son amant à l'horrible idée que chaque vêprée était leur dernière — mais la fièvre lui fit oublier un bon nombre de ces instants d'égarement. Il lui avait même pris la folie de s'extraire à la surveillance de son domestique pour se hisser sur les toits de son logis un jour où les rayons du soleil firent sortir nombre d'Oilliphéists pour une sieste appréciable contre toute surface sombre, premier salut de l'année aux beaux jours estivaux. Le MacLeòd était d'ailleurs persuadé que le papier publié la semaine suivante par Joseph Black — qui partageait assurément avec lui le même parent monstrueux — sur la chaleur latente du changement d'état était une illumination de cette journée ensoleillée.
Oh, il avait bien connu l'une autre matinée moins éprouvante, heureux de redécouvrir son derme sec de sueur et nerfs aussi calmes qu'un loch endormi, mais le mal s'accrochait et s'était décidé à le tourmenter pour un moment encore. À le narguer de cette fatalité qui rendait la belle Édimbourg en deuil. L'on mourrait de cette foutue épidémie et même si l'on était pas assuré que l'avocat soit frappé par la maudite, son état le rendait trop vulnérable si elle venait à s'engouffrer dans les escaliers d'An Minnseàg Ruididh. Alors, lorsqu'il cessa doucement de trembler de tout son soûl, que les poumons s'arquaient moins violemment sous la toux et qu'il pu se repaître de davantage que d'ennuyeux Scotch broth — bien qu'ils furent parfois rehaussés d'une viande humaine ramenée par un ami Oilliphéist ayant son double sevrage en inquiétude — Sómhairl vint murmurer son souhait d'une promenade en compagnie de son amant, ne pouvant plus supporter le tableau de sa chambrée ressemblant à l'hospice d'un vieillard et ressentant une appétence nostalgique à ne pouvoir passer à nouveau un instant aux côtés de cet homme dans ces rues qui les ont vu se chercher et se confier des tendresses un an plus tôt. Il avait besoin de se remémorer cette naissance et la chance enivrante qu'il vivait chaque jour que le divin lui accordait avec l'Highlander, même lorsqu'il était bougre fiévreux et que ses pêchés auraient pu en être doublement punis.
Et ainsi, à une heure qui n'était ni la veille ni le jour présent, le poète se vêtit maladroitement, couvrant son derme d'une chemise supplémentaire, sa gorge d'un présent tricoté par son meilleur ami et ses éclanches encore fébriles d'un long manteau qu'il pensa fort pesant avant de se souvenir de sa cargaison et d'en sourire avec légèreté, venant caler le rictus dans la nuque de son amant dont il avait hâte d'entendre la voix rouler dans cette humeur qu'il aimait tant et par tout temps.

Ce n'était pas un pèlerinage, et dès lors Sómhairl se moquait bien des ruelles empruntées, du tracé labyrinthique qu'ils exécutaient peut-être. D'abord parce qu'il était encore quelque peu fiévreux et se concentrait davantage sur la cadence de ses enjambées, le relief trompeur des pavés et les ombres criminelles de certains recoins pouvant receler nouvelle blessure, mais aussi parce que ne lui importait que de suivre la silhouette du MacKenzie. Et son amant aurait-il proposé une destination précise qu'il aurait été bien incapable de dire s'il l'avait approuvé ou même entendu. Ne comptait que de voir le guerrier se mouvoir sous la faible lumière du soir, ombres différentes de celles de sa chambre et discussions moins pessimistes, sans odeur de maladie — bien que nauséabonds recoins à bien des endroits. Passé les dix premières minutes de marche, requinqué par la joie de cette sortie qu'il commençait à embrasser avec allégresse se transformant en euphorie et morosité devenant excitation, Sómhairl avait du se faire violence pour ne pas écarter Ùisdean d'une ruelle le temps d'une rapide embrassade dans l'égide obscure d'un portique condamné, se contentant de lui offrir plusieurs fois un sourire niais et complice de tous leurs méfaits. Et il se trouvait fort chanceux de pouvoir utiliser l'excuse de son agonie récente pour expliquer ses yeux hagards et un peu brillants. Pas même la robe de son whisky adoré n'était regrettée ; il trouvait dans sa passion insatiable du MacKenzie l'ivresse qui était la seule délicate à son palpitant. Mais tout autant meurtrière, il le savait. Les mots de Munro résonnaient.
Sans qu'il ne sache si tel était le but, Sómhairl fut extrêmement reconnaissant à la vue du port de Leith se dessinant à la sortie du quartier de Newhaven. Bien qu'il avait en indolence totale tout ce qui concernait la vie nautique, routes maritimes et vie des marins de grandes villes — car oui, pour lui c'était là une espèce différente à celle, plus noble, qui composait les pans côtiers de Skye et Lewis — il trouvait le tableau présent sous leurs yeux d'une beauté surprenante. Le ciel encore sombre était découpé par les estafilades des galhaubans de ces dizaines de bateaux. Le cri rauque des seagulls scrutant l'arrivée des premières cargaisons de poissons se faisant encore languir pour quelques heures. Le claquement des brigantines qui respiraient la vêprée avec liberté. Et des autres formes de vie, on n'entendait que le clapotis de l'eau contre la coque des navires et le craquement de leurs bois se faisant tanguer par le roulis d'un vent aux milles aventures qui avaient été certainement contées la veille dans les tavernes se trouvant plus en haut de la rue. Par réflexe, Sómhairl s'assura que son tricorne était bien visé sur sa caboche et ne s'échapperait pas sous les brimades de la brise, s'approchant désormais du quai pour mieux contempler et s'abreuver peut-être d'inspiration à ses prochaines lignes — bien qu'il avait surtout en passion la glèbe des paysans, le bétail des Bens et les fadaises des hameaux battant le blé. Face à eux, un septante-quatre-canons se démarquait par sa taille bien plus imposante que tous les autres vaisseaux. Le HMS Shrewsbury. Ce nom n'était bien entendu pas obscur à sa mémoire et il dût ravaler son verbe afin de ne pas s'en moquer ouvertement, esgourdes d'anglais potentiellement aux aguets.

Bien que barbants ramassis d’anecdotes sans saveurs, idolâtrie mal camouflée de l'un ou l'autre parti politique, les journaux étaient parts de son quotidien et l'on trouvait toujours un exemplaire de la plus récente impression dans la demeure. Les occupations de Sómhairl avaient forgé son attention et son besoin de savoir qui était à la barre où se jouait du monde actuel. Mais si suivre les procès avortés et s'en faire sévère critique au-dessus de son porridge au matin était coutume lui étant chère, il se souvenait aussi avoir frapper du poing avec effroi à la nouvelle, en janvier de cette année, que la guerre perdurait avec cette fois une déclaration contre l'Espagne. En plein océan. Avec une flotte titanesque de navires que la Royal Navy escomptait bien remplir de nouveaux éléments de l'armée, s’approvisionnant allègrement dans les unités de soldats postés dans les Hébrides et les casernes d'autres forts écossais qu'il n'était plus autant nécessaire de surveiller, cause Jacobite défaite et sans un penny. Sómhairl avait donc ainsi longuement paniqué à l'idée qu'on vienne embarquer Úisdean sur un navire qui se ferait déchirer par les canons, qui engloutirait la vie de l'homme aimé là où personne n'irait le repêcher, soupirant même qu'il était temps pour eux de fuir cette vie d'une civilité qui finirait par les tuer avant de se raviser le lendemain et déclarer qu'aucun gradé ne le délogerait jamais de son droit de vivre et d'aimer avec sa fierté écossaise et son honneur clanique — une bouteille de whisky bien entamée en guise de marteau de juge. Il avait même jeté depuis sa fenêtre un reste de lait périmé sur la coiffe d'un soldat ayant eu le toupet de venir cogner à sa porte, convaincu que l'on venait réquisitionner le Lieutenant pour les Amériques, alors que le malheureux venait en réalité simplement informer l'avocat de la capture d'un collègue véreux. Et aujourd'hui encore, l’anxiété taraudait son derme face au bâtiment les fixant de son grand pavois. Car le HMS Shrewsbury était aussi et surtout le nouveau bâtiment du Capitaine de son Lieutenant. Et Sómhairl n'y connaissait pour ainsi dire rien du tout sur la question militaire, trop rendu dissipé par les lignes parfaites du somptueux uniforme les quelques fois où il demanda à Ùisdean de lui en enseigner davantage, mais il était persuadé que sa crainte n'était pas irrationnelle et restait fièrement buté sur cette pensée. « T'ais-je déjà dit que je haïssais l'idée de ton départ sur un bâtiment à l'envergure aussi vulgaire ? Et pourtant, on t'emporterait sur ce ponton que je m'enrôlerais immédiatement comme mousse ! Alors, si un jour il advient que c'est le destin qu'on nous réserve, il me faut te prévenir. J'accepte volontiers un tas de mises en scène de ma mort, allant du grotesque au romanesque — si c'est de ta main et dans tes bras — mais si un jour je dois me noyer pour t'avoir suivi, och, MacKenzie, je t'aimerais toujours très fort mais me ferais tout de même un malin plaisir d'envoyer mon fantôme te hanter... » Sourire badin, espièglerie derrière la barbe encore un peu terne, Sómhairl ancra son regard à celui d'Ùisdean, folâtrant avec le serment de le déifier avec pareille exaltation et fièvre qui l'enivraient depuis des mois, même si le guerrier venait à abattre sur lui la claymore de déception et flamberge logique de feuds les liant. Car pour le poète, son trépas n’affaderait jamais l'intensité des sentiments qu'il put un jour éprouver. Une simagrée bien dupe, façon niaise de se rassurer comme il le pouvait à l'idée d'Espagnols voulant transpercer la chair du Lieutenant. « As-tu déjà visité la bête ? » demanda-t-il en pointant du doigt le nom du navire, se sentant apte à quelques jalouseries s'il venait apprendre que le supérieur militaire avait offert une présentation privée à cet officier qu'il surchargeait trop de travail, aux yeux de l'amoureux. Et aussitôt sa question s'estompant dans la nuit dont le velouté se drapait lentement d'un rouge naissant à l'horizon, une fugace mémoire étouffa des mots d'affection qu'il s’apprêtait à confier. Contre l'abdomen du navire venaient clapoter les mots de Munro qui résonnaient à nouveau. Mais qui pourtant ne raisonnaient pas l'Highlander à voir en l'hostilité des landes à ses côtés autre chose que le conquérant de son adoration éperdue.

CODE BY ÐVÆLING
Sómhairl MacLeòd of Lewis
Eisd ri gaoth nam beann gus an traoigh na h-uisgeachan

Sómhairl MacLeòd of Lewis
Messages : 175
Points : 0
en recherche
Avatar : Benedict Cumberbatch
Crédit : ÐVÆLING
Multicompte : //
Pseudo : ÐVÆLING

Taux d'abomination :
Triùir a thig gun iarraidh ; gaol, eud, 'us eagal (ùisdean & sómhairl) Left_b1090 / 10090 / 100Triùir a thig gun iarraidh ; gaol, eud, 'us eagal (ùisdean & sómhairl) Right_11
Age : Quarante-quatre ans, la fausse complainte des rhumatismes
Métier : Homme de loi de la Faculty of Advocates et poète des landes
Pouvoirs : Armure naturelle. Insensibilité à la chaleur. Agilité naturelle. Ossature incassable. Dentition acérée.
Inconvénients : Sujet à l'alcoolisme, agoraphobie, sang-froid, pulsions cannibales, emétophobie.
Triùir a thig gun iarraidh ; gaol, eud, 'us eagal (ùisdean & sómhairl) NuwkKDc

"— Cha dean triirse ach truaghan,
'S cha'n fhaigh fear an lag mhisnichidh
bean ghhc gu la luan."


Triùir a thig gun iarraidh ; gaol, eud, 'us eagal (ùisdean & sómhairl) HpGYJFc

"—Is math a dh' imreadh
an dàn a dheanamh an toifich
is a liudhad fear mille th' aige."


Triùir a thig gun iarraidh ; gaol, eud, 'us eagal (ùisdean & sómhairl) 0G6qESA

I. ÙISDEAN (1761) / II. ÙISDEAN (1762) / III. ALASDAIR & ÙIS


Revenir en haut Aller en bas

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum