(F) Gaia Weiss — Lileas MacLeòd of Lewis

Aux yeux de l'héritier MacLeòd of Lewis, c'est le brouillard d'une perte probable de ses cadets qui embrouille la vision qu'il se refuse être attendrie lorsqu'il regarde les deux derniers survivants. Earnan et Liléas, enfants d'une autre mère que la sienne. Earnan et Liléas, sève du sang fièrement partagée mais rarement clamée par le poète. Il a vu un ainé clamser sous les dents affligées d'un aïeul, une soeur noyée par sa propre cruauté, et Sómhairl n'eut dès lors que la crainte d'un jour devoir à nouveau enterrer ses cadets — qui n'en sont que des moitiés, il ne l'oublie pas. Si il n'a pas pu rester débarassé bien longtemps de son demi-frère, désormais flanqué de sa présence jusque dans sa demeure et son métier, pour Liléas il a travaillé à ce que la chose soit différente. Née bien trop tard pour qu'ils ne grandissent dans les mêmes jeux, dans la même faim des expériences de la vie, il fut aisé de se détacher de sa vie. Et quand bien même le poète s'était pris au jeu de la correspondance avec elle, missives teintes d'une réelle entente, de complicité qui ne s'étaient jamais frôlées autour d'un festin partagé ou de confidences sur les marches d'un couloir oublié, préférant lui expliquer par écrit pourquoi il détestait l'aimer plutôt que l'avouer de vive-voix, lorsqu'il se rendait de temps à autre au castel après son déménagement à Edimbourgh, Sómhairl n'accordait guère d'intéret et encore moins de temps à la dernière de sa fratrie. Parce qu'il savait déjà trop tard pour ignorer l'affection qu'il éprouvait pour cette jeune femme volontaire, brave caractère qui s'échignait à rendre fier leur blase. Aussi, lorsqu'il croisa sa route dans les ruelles d'Édimbourgh il y'a peu, Sómhairl préféra se cacher derrière un tonneau d'eau croupie. Certes, il avait été quelques jours inquiet à l'annonce de sa disparition du logis familial, mais la voir impliquait que rien de grave ne s'était déroulé, qu'aucun drame n'avait éclaté les murs du castel ou le derme de sa soeur. Et c'était suffisant pour le poète. Prévenir son frère et sa famille ? Hm, ça lui est sorti de la tête, ou, plus honnêtemet, il se garde bien de risquer des retrouvailles, parce qu'il lui serait trop éreintant de continuer à être faussement indifférent quand il sait être prêt à déchirer nombreuses gorges pour garder sa dernière soeur en vie. Et pour l'instant, l'homme à trop à penser que pour se pencher sur une tristesse supplémentaire.